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In the fall of 1993, nine months after moving to California, I wrote a letter in French to my friends, entitled "A letter on american mountains and climbing". This was meant to be slightly ironic, although my gripes were real. I posted a copy of that letter to the newsgroup rec.climbing, and then Mimi Recker posted a translation on 14 Oct 1993. Here it is. I filed out some stuff that Mimi could not translate. For a complementary perspective, see the articles in Climbing: "What's Your Problem?", feature on the state of American rock climbing by Dave Pegg (165) p 86, and a long feature by Jeff Achey on the history and development of federal regulations (Nov or Dec 98).
J'avais choisi Berkeley, en Californie, en partie car c'est le grand centre universitaire et culturel le plus proche du Yosemite. Voyons un peu ce qu'il en est.
I chose Berkeley, in California, in part because it is the big cultural and university center closest to Yosemite. Let's see a little what it is.
La randonnée, cela craint. Les cartes sont totalement imprécises, à comparer aux cartes espagnoles, voire pire, c'est tout dire. Un permis est nécessaire pour les randonnées excedant la journée dans tous les parcs et forêts nationaux. Ils ne sont delivrés qu'en quantitée limitée, histoire de réduire la fréquentation, et pas question de planter ta tente en dehors des campings officiels à proximité des routes, sinon les Rangers ne te font pas de cadeau. Il est classique pour obtenir une place au Sunnyside camp de commencer à faire la queue à partir de 7h du matin, afin d'obtenir une place à l'ouverture du guichet. La nature n'est guère plus accueillante: les ours vont manger ton repas si tu ne prends pas de précautions, mais c'est encore mieux que de leur servir toi-même de repas, sans compter l'eau contaminée (par la Guardia, les gens se promènent avec leur filtre portatif) et les plantes toxiques qui provoquent de sérieuses irritations par contact (Poison Oak, si des vêtements ont touché la plante et qu'ils sont ne sont pas lavés avant que tu ne les touches, tu choppes le truc).
Hiking, it sucks. The maps are totally imprecise, to compare to Spanish maps, much worse, says it all. A permit is necessary for all hikes exceeding one day in all National Parcs and Forests. They will only hand out a limited number, in order to reduce visits, and no way can you put up your tent outside of official camping zones, near roads, or else the Rangers will not give you a present. It is normal in order to get a spot at Sunnyside Camp to start waiting in line at 7 am, when they open the kiosk. Nature isn't that much more welcoming: bears will eat your meal if you don't take appropriate precautions, but it's better than you being their meal; without taking into account the contaminated water (from Giardia, everyone walks around with their portable filter) and the toxic plants that cause serious rashes upon contact (poison oak, if clothes touch the plant and they are not washed before you touch them, you get it)
Il y a par ailleurs un curieux mélange de suréquipment (chemins goudronnés dans le Yosemite, qui est un parc national traversé de part en part par une route et visité par 3 millions de personnes chaque année), et de zones complètement désertes. Les jolis petits villages de montagne, ils ne connaissent pas trop. L'absence généralisée de refuges et de gites d'étape oblige bien sûr a partir en autonomie, et la majorité des randonneurs ont des sacs à armature externe, qui permettent, parait-il de porter des tonnes (les révolvers ne sont pas légers).
There is also a curious mix of over-equipment (trails are paved with asphalt in Yosemite, which is a national parc crossed here and there by a road visited by 3 millions people each year), and completely deserted zones. The pretty little mountain villages, they don't know too many. The general absence of huts forces autonomous travel, and the majority of hikers have backpacks that seem to carry tons (guns are not light).
L'escalade, cela craint. C'est certainement intéressant, dans un certain sens, et cela rend modeste, mais j'en viens parfois à regretter Gourdon ! Premier type de voies: fissures a coincements abominables où la consommation de sparadrap au mètre est impressionante, qui ne sont bien sûr pas equipées du tout, puisque l'on peut placer soit même ses protections. Les six friends que je possédais au depart sont très très loin d'être suffisants, et il me faut investir sérieusement. Mais c'est pour moi encore mieux que le second type de voies, qui sont des dalles lisses où il n'y a pas de prises (c'est du granite) et où il ne faut compter que sur l'équipement aléatoire en place, car il n'y a pas moyen de rajouter quoi que cela soit. Celui-ci varie alors en moyenne entre rien pour la longueur (la voie est alors, dans les topos les plus précis, cotée X, pour "death potential", quand tu parles de voies de la mort, ce n'est pas une plaisanterie ici), à un point tous les 10 ou 15 metres (les topos disent R, pour "runout"). Les voies dites surprotegées, qui sont rares, on s'en doute, sont à peu pres comparables aux voies de l'époque classique du Verdon (qui a dit qu'il y était vert ?). Il vaut mieux ne pas être trop difficile, car il y a une prolifération à faire peur de spits de 7mm rouillés, non conçus pour l'escalade. Comme le concept de moulinette ne semble pas avoir connu un succès extraordinaire, il est courant d'avoir à faire relais sur coinceurs et friends, et de redescendre en faisant le tour de la falaise.
Climbing, it sucks. It is certainly interesting, in a certain sense, and it makes one modest, but sometimes I come to regret Gourdon! First type of route: small cracks where the consumption of protecting tape for your hands is impressive, which are of course not at all equipped, since one can place ones own protection. The six friends that I owned when I left are far from being sufficient, and I must seriously invest. But even better for me is the second kind of route, which are smooth slabs where there are no holds (it's granite) and where you can only count on randomly placed bolts, because there is no way to add anything. The spacing varies then in average between nothing for the pitch (the route is then, in the most precise topos, rated X, for "death potential", when you speak of death routes, it is not a joke) to a point every 10 or 15 metres (the topo say R, for "runout"). The routes said to be over-protected, which are rare, one thinks, are mostly comparable to routes of the classic era at Verdon (who said he was scared to death there ?). It is better to not be too difficult, because there is a proliferation of frightening bolts of rusted 7mm, not made for climbing. Since the concept of tope-roping belayed from the bottom did not seem to have extraordinary success, it is common to belay on nuts and friends, and to go down by walking around the cliff.
Ajouté au fait que la densité des voies est très faible (il n'y a pas de fissures continues partout), et donc que l'attente est non négligeable, cela ne fait pas des journées très efficaces: je fais en moyenne 3/4 longueurs par journée d'escalade. Certains locaux ont l'air malgré cela d'être assez fiers de leur style, et emploient le terme ``sport climbing'' pour désigner le style d'escalade en vigueur en France, qui n'est bon que pour les peureux, au contraire de ``traditionnal climbing'', la {\em vraie} escalade. Le tire-clou (A0) est appellé "French free", ce qui veut tout dire de l'opinion qu'ils ont de nous. Il est vrai que je réfléchis à plusieurs reprises avant d'aller dans le V+ (voire V- dans les cheminées et fissures larges) en tête. La seule chose que je connaisse de comparable, ce sont certaines des voies dites modernes a Chamonix, qui ont cependant des relais et lignes de rappels sûrs. Quant à se rattraper sur les murs artificiels (d'où selon certains, les "sport climbers" devraient ne jamais sortir), pourquoi pas, mais il faut savoir que pour des problèmes de responsabilité, tu ne peux pas y grimper en tête en général. Ah oui, j'oubliais le "big wall", les grandes voies d'artif de Yosemite. C'est pour cela que j'étais venu. Je n'ai pas encore essayé, au printemps j'étais au McKinley, en été il fait trop chaud, et l à je viens de me faire mal à un tendon en faisant du bloc. Tout ce que je peux dire, à entendre les pratiquants, c'est que cela a l'air vraiment laborieux. Ils disent que de tirer le sac est pas loin d'être l'une des pires choses qu'ils aient jamais faites. Sans compter les infames cheminées. A voir donc.
Add to that that the density of routes is very feeble (there are no continuous cracks every where), and thus waiting is not negligeable, it does not make for very efficient days: I do on average 3/4 pitches per day of climbing. Certain locals appear, despite this, to be proud of their style, and use the term 'sport climbing' to designate the style of climbing in vogue in France, which is only good for wimps, as opposed to "traditional climbing", the real climbing. Yanking on pro (A0) is called "french free", which says everything about the opinion they have about us. It is true that I think many times before going on V+ (V- in chimneys and wide cracks) before hand. The only thing that I know that is comparable, is certain routes called modern in Chamonix, that still have belays and safe lines for rapelling. As far as making up for that on artificial walls (of which, according to some, the sport climbers should never leave), why not, but you must know that because of problems of responsibility, you cannot lead climb in general. Ah yes, I forgot the "big wall", the big routes of aid in Yosemite. That's why I came. I have not yet tried, in the spring I was on McKinley [sic], and in the summer it was too hot, and then I hurt my tendon bouldering. All that I can say, to hear to practitioners, is that it looks very laborious. They say that to haul is by far one of the worst things they have ever done. Don't discount the famous chimneys. To see then.
L'alpinisme cela craint. Le problème, à la base est qu'il n'y a que très peu de montagnes dignes de ce nom sur l'ensemble d'un territoire qui parait immense, aussi surprenant que cela puisse paraitre. La Californie a des 4000, mais la Sierra Nevada est située à la latitude de l'Atlas, à peu de choses près, et l'Atlas, c'est un tas de cailloux. Le seul sommet régulièrement enneigé de cet état est le Mont Shasta, qui est situé à la frontière de l'Oregon, mais c'est un volcan, et donc c'est arrondi de tous les cotés. Donc pour moi, en dessous de 18h de voiture (la vitesse est limitée à 90km/h même sur les autoroutes rectilignes du désert, qui sont surveillées quelquefois par des avions), qui d'ailleurs ne semblent pas rebuter les Américains, pas de salut. Dommage, j'ai cru comprendre que le massif du grand Teton et des Cascades ressemblaient un peu aux Alpes, et c'est vrai que j'ai vu des photos de glaciers et de pics assez raides (ils ne culminent cependant qu'a 3600m à peu près, correspondant donc aux sommets moyens de l'Oisans). Cependant, la perspective d'avoir à deviner l'itinéraire (les topos sont loin, très loin du Vallot, sans compter le fait que les cartes sont en pratique inutilisables en terrain montagneux), de trimballer le matériel de bivouac (il n'y a pas de refuges, je répète), et d'effectuer de longues approches en l'absence de sentiers, n'est qu' à moitié réjouissante. Et glaciériste, que dirais-tu de l'idée de te retrouver dans ta tente le soir en plein hiver, avec ton matériel et tes vêtements trempés ? Autant partir en expédition dans ces conditions, non ?
Alpinism, it sucks. The problem, at the base, is that there are very few mountains worthy of the name on a territory that appears immense, as surprising as this may seem. California has some 4000, but the Sierra Nevada is situated approximatively at the latitude of the Atlas mountains, and the Atlas, it is a pile of rocks. The only summit regularly full of snow in this state is Mt Shasta, which is situated at the border of Oregon, but it is a volcano, and thus is rounded on all sides. So for me, below 18 hours driving (the speed is limited to 90km/h even on straight highways of the desert, that are sometimes watched by planes), which anyway doesn't seem to scare away Americans, you're out of luck. Too bad, I thought I understood that the massif of the Tetons and the Cascades resemble the Alps, and it is true that I have seen photos of glaciers and peaks that are pretty steep (however they only top out at around 3600m, corresponding then to the summits of l'Oisans). However, the perspective to have to guess the itinerary (the topos are far, very far from the Vallot, without discounting the fact that the maps in practice are unusable in mountainous territory), to take bivy gear (there are no huts, I repeat), and to do long approaches without trails, is only part way rejoicing. And glacierist, what would you say to the idea of finding yourself back in your tent at the night in mid-winter, with your stuff and clothes soaked? Might as well leave on expedition in these conditions, no?
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